Le 6 mars 2008 a eu lieu, à Milan, une réunion tenue par le sous-groupe d’étude « Approche thérapeutique du patient atteint de leishmaniose », coordonnée par le Prof. Gaetano Oliva, en collaboration avec le Dr. Xavier Roura, le Dr. Alberto Crotti et le Dr. Eric Zini. A cette réunion ont participé aussi le Prof. George Lubas et le Dr. Andrea Zatelli, ainsi que le Dr. Paola Badiale, pour le compte de la Hill’s Pet Nutrition. A cette occasion, la discussion a eu pour thème la version préliminaire du document relatif à : « LEISHMANIOSE DU CHIEN : LIGNES DIRECTRICES CONCERNANT LE DIAGNOSTIC, LES STADES DE LA MALADIE, LA THERAPEUTIQUE, LE MONITORAGE ET LA PREVENTION. IIème partie : Approche thérapeutique. ».
Le travail a été développé en tenant compte uniquement des médicaments pour lesquels il existe des documents bibliographiques internationaux d’activités ou d’études d’efficacité contre la leishmaniose du chien. Ont été pris en considération les composés antimoniaux et l’allopurinol seuls et la combinaison des deux médicaments. Ont été également pris en examen l’amphotéricine B, l’aminosidine, la pentamidine, l’association spiramycine-métronidazole, les fluoroquinolones et la miltéfosine. En ce qui concerne l’approche thérapeutique, il a été établi une classification clinique (stades de la maladie) du patient ainsi que la définition des animaux à traiter selon les protocoles de référence et les protocoles alternatifs. Enfin, les règles du monitorage et de l’éventuelle ultérieure reprise du traitement chez les patients prétraités ont été établies .
Le 29 mai à Rimini le G.S.L.C s’est réuni, sous la direction du Dr. Andrea Zatelli, coordonnateur du groupe, pour définir la version finale de la présentation des lignes directrices concernant l’approche thérapeutique de la leishmaniose du chien. Le Prof. Oliva a coordonné cette élaboration, à laquelle ont contribué activement les Prof.s Castagnaro, Lubas et Paltrinieri et les Dr.s Crotti, Gradoni, Maroli, Roura, Zini et Badiale (cette dernière déléguée par la Hill’s Pet Nutrition).
Le 30 mai, à l’occasion du 59ème Congrès International Multisalles de la SCIVAC, qui a eu lieu auprès du Palais des Congrès de la Riviera de Rimini, du 30 mai au 1er juin 2008, les directives sur « LEISHMANIOSE DU CHIEN : LIGNES DIRECTRICES CONCERNANT LE DIAGNOSTIC, LES STADES DE LA MALADIE, LA THERAPEUTIQUE, LE MONITORAGE ET LA PREVENTION.IIème Partie : Approche thérapeutique et monitorage ».ont été officiellement présentées.
Ce document de consensus a établi le but de la thérapie pour la leishmaniose, qui est de réduire (éliminer) la charge du parasite, de maîtriser les dommages induits par le parasite, de restaurer la réponse immunitaire, de stabiliser dans le temps les résultats obtenus et de traiter les récidives possibles. Il est bien connu que les médicaments contre la leishmaniose ont d’abord été développés pour la médecine humaine et qu’ensuite ils ont été employés aussi dans le domaine vétérinaire. Ces médicaments présentent des variations importantes dans les activités in vivo et in vitro.
Par ces lignes directrices, le G.S.L.C. propose un schéma clinique-thérapeutique applicable dans la plupart des cas soumis quotidiennement à la visite vétérinaire. Un tel schéma ne prétend pas être exhaustif et non modifiable. Bien sûr ces lignes directrices ne sont pas en mesure de résoudre toutes les situations liées à la thérapie de la leishmaniose du chien ni d’exclure les thérapies collatérales.
Le critère de sélection des médicaments à employer s’est basé sur la consultation du principal moteur de recherche biomédicale PubMed (www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/) au moyen d’une série de mots clé [(dog* OR canine) AND (drug OR treat* OR therap* OR efficac* OR effect* OR action* OR activit* OR against OR versus) AND (leishm* OR antileishm*) NOT vaccin*)]. Une telle recherche a produit 90 articles, qu’on a réduit à 60 car certains d’entre eux n’étaient pas relatifs au but de l’étude. Au cours de l’analyse de ces travaux une série de limites est apparue: des tests cliniques non effectués en aveugle, une absence de/s groupe/s de contrôle, un nombre de chiens qui n’était pas toujours statistiquement important, des groupes de chiens non homogènes, des critères diagnostiques et cliniques variables, des critères de « guérison » variables, des périodes de follow-up variables, des dosages et des temps de thérapie variables, aussi pour le même médicament.
De plus, dans de nombreux cas, l’objectif primaire des travaux n’était pas l’évaluation de l’efficacité thérapeutique du médicament ; ces recherches avaient souvent des finalités diagnostiques, parasitologiques, pharmacologiques, immunologiques et de pathogénie du dommage des organes. Les médicaments pris en considération sont : les Composés Antimoniaux et l’Allopurinol (5 citations bibliographiques), l’Amphotéricine B (classique ou liposomiale) et l’aminosidine (3-4 citations bibliographiques pour chacun d’eux), la pentamidine, l’association Spiramycine-Métronidazole, l’Enrofloxacine et la Marbofloxacine, le Domperidone (1 citation bibliographique pour chacun d’eux) et la Miltéfosine (qui est un médicament enregistré en Italie, sans citations bibliographiques concernant le chien). Il en résulte que le protocole thérapeutique de référence est constitué par l’Antimoniate de N-méthylglucamine (100 mg/kg q 24h SC pendant 4 semaines) avec l’addition de l’allopurinol (10 mg/kg BID PO pendant 6 mois au moins).
Le G.S.L.C. a obtenu un consensus sur les sujets qui doivent être traités, en établissant une classification par stades des patients, selon le tableau suivant:
Stade | Définition | Description |
A | Exposé | Chien qui ne présente pas d’altérations clinique-pathologiques démontrables, chez lequel les tests diagnostiques parasitologiques résultent négatifs, mais qui présente des titres d’anticorps spécifiques. Ces derniers ne doivent pas dépasser 4 fois la valeur-seuil du laboratoire de référence. En général, les chiens exposés séjournent ou ont séjourné dans une zone où la présence de phlébotomes est établie. |
B | Infecté | Chien qui ne présente pas d’altérations clinique-pathologiques démontrables, chez lequel le parasite est mis en évidence au moyen de méthodes directes (microscopie, culture ou PCR) et au moyen de méthodes indirectes (présence d’anticorps spécifiques) |
C | Malade | Chien infecté, chez lequel on peut démontrer toute altération clinique-pathologique attribuable à la leishmaniose ou bien la présence de titres d’anticorps supérieurs à 4 fois la valeur-seuil du laboratoire de référence. |
D | Malade avec un cadre clinique grave | Chien malade atteint de : (i) néphropathie protéinurique ; (ii) insuffisance rénale chronique ; (iii) maladies oculaires graves qui peuvent comporter la perte de fonctionnalité et/ou qui requièrent des thérapies par agents immunodépresseurs ; (iv) maladies articulaires graves qui peuvent invalider la fonction motrice et/ou qui comportent des thérapies par médicaments immunodépresseurs ; (v) maladies concomitantes graves, de nature infectieuse, parasitaire, néoplastique, endocrine ou dues à une altération du métabolisme. |
E | Réfractaire Récidivant | (Ea) Chien malade réfractaire au traitement (Eb) Chien malade soumis au traitement, qui présente des récidives précoces |
Au moyen du protocole de référence présenté ci-dessus, sur la base de la littérature consultée, le G.S.L.C a établi que chez les chiens au stade B (infecté) ou C (malade) la guérison clinique se vérifie de façon presque constante, que le maintien de l’état de bonne santé est obtenu pendant des périodes presque toujours supérieures à une année, que les effets secondaires sont de faible importance (limités habituellement à l’istolésivité par l’antimoniate), que l’on a une réduction de la charge parasitaire drastique (pendant quelques mois) et l’abaissement du taux d’infectivité pour les phlébotomes. Chez les chiens au stade D (malade grave) on relève d’autre part des marges d’amélioration discrètes/bonnes, le pronostic étant strictement corrélé aux conditions cliniques initiales (par ex., en cas de IRC, insuffisance rénale chronique) ; dans ce cas les thérapies collatérales s’avèrent indispensables (par ex., en cas de KCS, kératoconjonctivite sèche ).
Si les chiens ne répondent pas à la thérapie de référence, le G.S.L.C. suggère de reconsidérer le cas clinique et d’analyser les pathologies concomitantes. Le critère pour l’emploi de protocoles alternatifs à la thérapie par antimoniate + allopurinol doit être basé sur la présence de patients qui ne répondent pas à la thérapie même, sur la vérification de récidives précoces ou d’une collaboration (compliance) limitée de la part du propriétaire et, aussi, de l’intolérance et/ou des effets collatéraux au protocole de référence.
Les protocoles alternatifs sont fondés sur la thérapie par allopurinol seul (ayant des effets plus légers et plus lents par rapport à l’association avec l’antimoniate), sur l’emploi d’amphotéricine B et d’aminosidine (dont il faut évaluer la néphrotoxicité potentielle), ou bien de spiramycine/métronidazole, et enfin sur l’usage du dompéridone. Le G.S.L.C ne se prononce pas sur l’emploi de la miltéfosine, seule ou en association avec l’allopurinol, car le protocole n’a pas encore eu de publication indexée à l’appui.
Le monitorage et la reprise du traitement des chiens au stade B (infecté) et C (malade) se basent sur les données de l’examen physique et les contrôles hématobiochimiques et dans les cas où les patients ne nécessitent pas de thérapies particulières de support. A la fin du traitement par antimoniate, le G.S.L.C propose donc le contrôle périodique tous les 6 mois du titre d’anticorps (et de la cytologie), la PCR quantitative des ganglions lymphatiques ou de la moelle osseuse (examen qui n’est pas encore suffisamment standardisé). Au contraire si à l’examen clinique et/ou des paramètres hématobiochimiques les sujets n’apparaissent pas normaux ou s’ils ne tendent pas à la normalisation, il faut attribuer le patient au groupe des réfractaires ou de ceux qui sont sujets à des récidives. Dans ces cas il faut donc procéder suivant ce qui a été préalablement décrit en ce qui concerne l’introduction des protocoles alternatifs.
Sur ce site il est possible de télécharger la traduction anglais du travail paru sur Veterinaria, 21, 3 juin 2007, pag. 19-32 «Canine leishmaniasis: guidelines for diagnosis, staging, therapy, monitoring and prevention. Part I: diagnostic approach and classification of the patient affected by leishmaniasis and management of dogs with proteinuria ».
Pendant la réunion du G.S.L.C du 23 octobre 2008 à Pérouse, à l’occasion du 60ème Congrès National SCIVAC, le G.S.L.C. a illustré et discuté ses activités remplies jusqu’au dernier Congrès de Rimini et dans le détail : présentation d’un poster sur l’activité au congrès combiné « 13th Intl Soc. Animal Clinical Pathology », « 10th Eur. Soc. Veterinary Clinical Pathology », « 8th Ass. Eur. Comparative Clinical Pathology” et “7th Acute Phase Protein” ayant pour titre : « Diagnostic de la leishmaniose du chien : recommandation du groupe de travail sur la leishmaniose du chien » , qui a eu lieu a Barcelone, en Espagne du 30 septembre au 3 octobre 2008 ; communication sur la revue du web Vet Journal de l’article
« Thérapie pour la leishmaniose du chien : lignes directrices du G.S.LC. »; le 5 juin 2008 ; communication sur la revue du web Vet Journal de l’article
« Traitement de la leishmaniose du chien : décisions et erreurs » le 10 novembre 2008.
Le G.S.L.C., avant la fin de l’année en cours, prévoit la publication sur Veterinaria de l’article intitulé : « Leishmaniose du chien : lignes directrices concernant le diagnostic, les stades de la maladie, la thérapie, le monitorage et la prévention. IIème partie : approche thérapeutique » qui illustrera en détail la présentation faite lors du 59ème Congrès SCIVAC de Rimini, avec la mise à jour de la thérapie au 31 octobre 2008. Sur ce site il est possible de trouver un aperçu de l’article en question.
Les programmes pour l’année 2009 prévoient la publication des lignes directrices concernant le diagnostic et la classification de la leishmaniose du chien sur une prestigieuse revue internationale de langue anglaise (J Am Vet Med Assoc) de manière à mettre en évidence l’activité du G.S.L.C. auprès de la communauté scientifique internationale. Enfin, le G.S.L.C. a décidé de créer un prix à décerner à un jeune chercheur européen, de moins de 35 ans, qui produira un travail scientifique sur la leishmaniose du chien publié sur une revue importante. Pour concourir à ce prix, les intéressés trouveront tous les détails nécessaires à travers les moyens d’information les plus communs y compris sur cette page web même.